Les Talents naissent de la rencontre
de l’excellence et de la passion
La Fondation des Ponts est heureuse de vous présenter quelques-uns de ses Talents : des étudiants, qu’elle soutient grâce à la générosité de ses donateurs, mais aussi des enseignants et des anciens qui se mobilisent à ses côtés. Ces Talents investissent leur savoir-faire en génie civil, industriel, mécanique, en ingénierie mathématique, en finance, mais aussi leur goût d’entreprendre, leur aptitude pédagogique, leur expérience professionnelle dans la réalisation de projets essentiels au développement et à la cohésion de la société. Dans un monde en profonde mutation, les défis pour nos sociétés ne manquent pas. Avec la Fondation des Ponts, soutenez les Talents qui les relèveront demain.
Avec la Fondation des Ponts, révélez les Talents de l’École !
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« La bourse ? Un indice de
mon intégration en France »
Christelle Abou Chedid, analyste financier chez Meridiam
Originaire du Liban, Christelle Abou Chedid a conclu sa formation d’ingénieur en Génie civil à l’École en septembre dernier. Bénéficiaire d’une bourse Meridiam délivrée par la Fondation des Ponts, la jeune femme de 23 ans s’est spécialisée dans l’analyse financière en menant en alternance un Master spécialisé en Financement de projets d’infrastructures et un stage de 6 mois chez Meridiam. Elle s’intéresse aujourd’hui à la rénovation énergétique. Revenir à l'accueilLire la suiteVous venez de réaliser un projet de fin d’études sur la rénovation énergétique des bâtiments publics : d’où vous vient cet intérêt pour les questions de transition ?
Au Liban, le génie civil se consacre à la construction de bâtiments « classiques », des réalisations qui n’intègrent pas, pour le moment, les questions d’énergie. Ici, la question de la transition énergétique a été posée et rend le métier plus passionnant. Des solutions techniques existent mais, pour être mises en œuvre, il est nécessaire de penser le financement. La rénovation des bâtiments appartenant à l’État, que j’ai évalués à 68 millions de m2, coûte cher, de l’ordre de 300€ le m2. Il faut donc articuler rénovation thermique et rénovation structurelle de façon à absorber les coûts fixes. Par ailleurs, le nouveau cadre des marchés de partenariat peut permettre d’optimiser les coûts en agrégeant les projets. Toute cette ingénierie, technique et financière, est aujourd’hui au cœur des grands enjeux de la transition. Cette transition, c’est une nouvelle manière de voir, c’est la 2e vision de l’ingénierie civile. Comment ne pas s’y intéresser ?
Toute cette ingénierie, technique et financière, est aujourd’hui au cœur des grands enjeux de la transition. Cette transition, c’est une nouvelle manière de voir, c’est la 2e vision de l’ingénierie civile. Comment ne pas s’y intéresser ?
Pour vous il y a donc un lien fort entre le génie civil et l’analyse financière des projets d’infrastructures ?
Bien sûr et si j’ai eu un peu peur de m’éloigner de mon cœur de métier en intégrant Meridiam, j’ai vite été rassurée : notre regard sur la partie technique est notre plus-value dans l’analyse d’un projet. Chez Meridiam, nous suivons les projets pas à pas, depuis l’appel d’offres jusqu’à la mise en service, nous sommes au point de rencontre de dimensions très différentes mais qui toutes concourent à la réussite du projet. Le lien entre le génie civil « pur » et l’analyse financière est justement notre capacité à exprimer notre compétence dans un environnement où d’autres spécialités se manifestent. C’est ce qui rend d’ailleurs ce travail si humain : sans la rencontre des points de vue, le projet ne serait pas sécurisé. Autre fois, je passais du temps à faire des calculs de structure sur l’ordinateur, aujourd’hui je passe plus de temps en réunion à valoriser l’expertise technique acquise.
Le lien entre le génie civil « pur » et l’analyse financière est justement notre capacité à exprimer notre compétence dans un environnement où d’autres spécialités se manifestent.
Vous avez bénéficié d’une bourse Meridiam délivrée par la Fondation des Ponts, qu’est-ce que cela a changé pour vous ?
Tout ! De mes premières heures en France je n’ai pas gardé un bon souvenir. Je voyais des gens qui ne souriaient pas, qui ne s’aidaient pas. J’avais du mal à retrouver mon rythme de vie, une vie normale, comme au Liban. Ce n’est pas tant la dimension financière de la bourse qui a changé les choses. Quand je l’ai obtenue, j’ai compris que c’était l’indice d’une nouvelle vie professionnelle, le signe de mon intégration en France. Et tout a changé. J’ai rejoint Meridiam pour un stage et j’y ai ressenti de la bienveillance et ai bénéficié de beaucoup de confiance. Une confiance essentielle pour mener à bien des dossiers comme le développement du réseau de chaleur d’Evry, l’acquisition d’une centrale de géothermie en Allemagne, l’acquisition d’un portefeuille de centrales de cogénération de gaz en France, le développement d’un projet de valorisation de biogaz, et certainement bien d’autres encore puisque j’ai décidé de débuter ma carrière au sein de Meridiam !
« Mon ambition est de réaliser, avec d’autres, quelque chose qui restera »
Rami Belaid, analyste financier chez Meridiam
« Qui a construit cet immeuble ? Et cette route ? » Dès sa petite enfance à Sousse, en Tunisie, la curiosité de Rami Belaid s’est tournée vers la construction. À chacune de ses questions, immanquablement, on lui répondait « des ingénieurs ». Il n’en a pas fallu plus pour susciter une vocation chez ce jeune homme chaleureux et déterminé. Revenir à l'accueilLire la suiteAujourd’hui en deuxième année à l’École nationale des ponts et chaussées en Génie civil et construction, Rami est soutenu par la Fondation des Ponts via une bourse d’étude financée par Meridiam. Partenaire privilégié de l’École, Meridiam, développeur et investisseur d’infrastructures publiques, lui a aussi proposé un stage d’analyste financier. Une « opportunité exceptionnelle » dit Rami qui se plaît à diversifier ses compétences pour répondre aux exigences du marché du travail.
Major de promotion de l’École nationale de d’ingénieurs de Tunis en 2014, vous avez choisi de rejoindre l’École nationale des ponts et chaussées pour un double diplôme. Quelle était votre motivation et quel regard portez-vous sur cette expérience aujourd’hui ?
Sur tous les tableaux techniques, dans les classifications, partout dans le monde, on retrouve la mention Ponts et chaussées. Cette école a façonné le destin de l’ingénierie civile. C’était un rêve d’y entrer. Et jamais je ne regretterai ! En Tunisie, on avait un bon niveau académique mais ici, à l’École, on va plus loin, notamment au travers des cas pratiques. Ici on touche la réalité. Et puis, bien sûr, c’est grâce à l’École que j’ai obtenu un stage d’analyste financier chez Meridiam ainsi qu’une bourse d’excellence de la Fondation des Ponts qui m’aide à couvrir mes frais d’études.
Cette école a façonné le destin de l’ingénierie civile. C’était un rêve d’y entrer.
Vous allez clore votre année de stage en tant qu’analyste financier chez Meridiam dans quelques jours. N’avez-vous pas le sentiment de vous être éloigné de votre cœur de métier d’ingénieur en génie civil ?
Bien au contraire ! C’était une opportunité exceptionnelle proposée par Meridiam, avec l’appui de l’École, d’élargir ma compréhension d’un projet. Je n’ai jamais pensé qu’être ingénieur, c’était d’appliquer des formules mathématiques. Face à un problème, l’ingénieur doit imaginer une solution. C’est dans la méthode, dans la rationalité, dans la capacité à appréhender le projet dans son ensemble que réside la valeur ajoutée de l’ingénieur. Un projet n’est pas que technique, il est financier, politique. Grâce à cette immersion chez Meridiam, je maîtrise aujourd’hui le projet au-delà de sa seule composante technique. Ma vision s’est élargie mais je fais toujours appel à mon esprit d’ingénieur.
C’est dans la méthode, dans la rationalité, dans la capacité à appréhender le projet dans son ensemble que réside la valeur ajoutée de l’ingénieur.
Quelle est votre ambition ?
Je n’aime pas être seul, le collectif, le groupe est essentiel pour moi. Mon ambition est de réaliser, avec d’autres, quelque chose qui restera, qui aura un impact sur la société, qui améliorera la qualité de la vie. Mon ambition, c’est aussi de répondre à la hauteur des attentes de ceux qui me font confiance. En arrivant chez Meridiam, je ne connaissais pas le métier d’analyste financier, on m’a répondu « Tu es là pour apprendre. » Depuis, je suis complètement intégré à l’équipe et responsabilisé. Cette relation aussi est construite, forte et je sais pouvoir donner le meilleur dans ces conditions. Cela détermine aussi mon avenir, puisque ma demande d’intégrer le Master spécialisé « Financement des projets d’infrastructures »/3A GCC vient de recevoir un avis favorable…
« Les Ponts ouvrent beaucoup de portes ! »
Charlotte Bonnin, consultante junior chez McKinsey
Consultante junior chez McKinsey depuis près d’un an et demi, Charlotte Bonnin a bénéficié d’un prêt de la Fondation des Ponts pour mener à bien sa troisième année d’études d’ingénieure au Master of finance du MIT. Vive et enthousiaste, la jeune femme expose la complémentarité entre l’École et le MIT. Revenir à l'accueilLire la suiteComment une étudiante Made in Ponts vit au MIT ?
Très bien ! Les Ponts ouvrent beaucoup de portes…et notamment celles du MIT. L’École m’a appris ce qu’est la finance. Et la finance peut faire bon ménage avec l’ingénierie. D’abord parce que la finance peut être vue de façon très quantitative et également parce que l’École forme à l’esprit d’analyse, à la rigueur. Par ailleurs, la complémentarité des deux formations est plutôt favorable aux étudiants de l’École. On y construit et approfondit une base solide de connaissances. Même s’il y avait des expériences pratiques, cela restait assez théorique, de haut niveau. C’est aussi un enseignement très intense pour tout ce qui est statistiques, analyse, qui sont des outils pour ensuite faire autre chose. Sur ces « hard skills » comme les mathématiques, les ingénieurs français étaient très à l’aise parmi la trentaine de nationalités présentes au Master du MIT. Aussi, au MIT, comme les cours sont à la carte je n’ai pas repris ces disciplines. J’ai axé plus sur les soft skills comme la communication ou la stratégie d’entreprise. Enfin, le MIT mise beaucoup sur l’intégration dans le monde professionnel. Après l’École, l’aide de la Fondation des Ponts et cette année au MIT, j’étais prête à y entrer !
L’École forme à l’esprit d’analyse, à la rigueur.
Hard et soft skills : aujourd’hui les deux dimensions font partie de votre métier…
Oui, chez MCKinsey je fais du conseil en stratégie auprès d’entreprises de taille importante. On les conseille sur des moments de leur vie, sur des projets spécifiques. On les aide sur des sujets financiers par exemple dans le cadre d’acquisitions ou de cessions, ce que j’ai déjà eu l’occasion de faire en banque d’affaires lors d’un stage. On peut aussi les conseiller sur des plans d’ordre moins financier comme lorsque j’ai travaillé sur la transformation du service d’achat d’un groupe énergétique. McKinsey essaie de faire en sorte que les consultants, notamment juniors, se forment à différents projets, à des problématiques différentes et dans des secteurs différents. Cette diversité est une des raisons pour lesquelles le conseil m’intéresse.
Accompagner les entreprises est au cœur de votre motivation ?
Le conseil est un moyen d’aider l’entreprise à se transformer pour s’adapter à un monde en perpétuelle évolution, liée par exemple au digital ou à la mondialisation. L’entreprise a une utilité sociale, notamment par les services qu’elle propose, les emplois qu’elle crée. Notre travail est d’améliorer ces services, les rendre plus efficaces, faire en sorte que ces entreprises fonctionnent mieux, qu’elles se développent en lien avec leur marché. J’ai aussi travaillé sur le plan stratégique d’une entreprise en grande difficulté financière et l’objectif était de sauver la boîte, de sauvegarder les emplois. Quand on est sur des problématiques de cette envergure, cela rend le métier passionnant. En ce sens, j’aimerais aussi travailler pour des comptes publics car, alors, apparaît aussi une dimension d’engagement citoyen.
Aujourd’hui, vous faites partie des « anciens » de l’École, quel message aimeriez-vous délivrer à ce sujet ?
Au-delà de la formation qui m’a très bien préparée pour le MIT et pour le monde de l’entreprise, je suis reconnaissante envers l’École et notamment envers son réseau des anciens. À l’École, je crois n’avoir pris aucune décision sans prendre conseil auprès des anciens, pour chercher mon Département, pour postuler à des stages, pour postuler à la troisième année, ou pour chercher mon job. Ils m’ont beaucoup aidé à faire des choix et je me rends compte aujourd’hui de la force d’avoir un réseau.
L’entreprise a une utilité sociale, notamment par les services qu’elle propose, les emplois qu’elle crée. Notre travail est d’améliorer ces services, les rendre plus efficaces, faire en sorte que ces entreprises fonctionnent mieux, qu’elles se développent en lien avec leur marché.
« Le learning centre, un lieu d’inspiration… »
Isabelle Gautheron, Directrice de la documentation, des archives et du patrimoine
Le talent n’est rien sans l’apprentissage, sans la capacité de nourrir la passion par l’étude. Et l’innovation, le dépassement ne se développent qu’à partir du terreau fertile de la connaissance théorique maîtrisée. Le futur Learning centre de l’École, bâti sur la bibliothèque, aura pour mission d’être cette pépinière de talents, de donner tous les moyens aux étudiants de révéler leur potentiel. Isabelle Gautheron, Directrice de la documentation, des archives et du patrimoine présente le projet de learning centre dont l’ouverture est prévue pour septembre 2017. Revenir à l'accueilLire la suiteQuel objectif vous anime dans la création du learning centre de l’École ?
Depuis 1747 l’École cesse d’évoluer au gré des bouleversements profonds du monde qui l’entoure. Aujourd’hui l’École se transforme pour répondre aux enjeux des transitions énergétiques, écologiques et numériques et former des ingénieurs et des chercheurs qui construisent durablement le monde de demain. Son plan stratégique 2016-2025 repose sur l’excellence académique, l’ouverture internationale et l’école numérique. Le learning centre est un de ses projets phares. La finalité est d’offrir aux élèves les meilleures conditions de travail dans une ambiance studieuse, stimulante et adaptée à leurs besoins. Le learning centre sera un lieu d’inspiration, d’apprentissage et de collaboration pour faire émerger les talents de l’École.
La finalité est d’offrir aux élèves les meilleures conditions de travail dans une ambiance studieuse, stimulante et adaptée à leurs besoins.
En quoi consiste exactement le learning centre ?
Un learning centre est un espace connecté dédié à la diffusion et au partage des connaissances. Plus qu’une bibliothèque, c’est un lieu où l’on peut accéder au savoir et contenus en ligne, travailler seul ou en groupe, préparer des projets, bénéficier des technologies numériques dans un cadre fonctionnel et convivial. La bibliothèque de l’École nationale des ponts et chaussées est dépositaire d’un patrimoine d’exception, elle perpétue la tradition d’innovation de l’École en se réinventant à l’ère du numérique.
Comment avez-vous imaginé ce futur lieu emblématique de l’École ?
Pour transformer la bibliothèque, nous avons choisi de nous appuyer sur la démarche de design thinking enseignée à la Dschool Paris. Proche de la culture des Ponts, la démarche est concrète, centrée sur l’utilisateur, son expérience et son ressenti. Des ateliers ont été organisés avec les étudiants pour comprendre les besoins et concevoir et tester les prototypes des futurs espaces et services. Deux démonstrateurs ont été réalisés, c’est ainsi qu’est né le projet sur lequel nous travaillons aujourd’hui.
La bibliothèque de l’École nationale des ponts et chaussées est dépositaire d’un patrimoine d’exception, elle perpétue la tradition d’innovation de l’École en se réinventant à l’ère du numérique.
« Je n’aurais peut être pas vécu cette expérience »
Romain Mesnil, doctorant en Génie mécanique et matériaux
Romain Mesnil est intarissable sur les charges dynamiques, les structures courbes ou encore les formes complexes. Bénéficiaire d’une bourse Jacques Coiffard délivrée par la Fondation des Ponts, Romain a passé une année au MIT à étudier les structures à hautes performances. En pleine rédaction de son mémoire de Doctorat en génie civil, il partage avec nous son expérience américaine. Revenir à l'accueilLire la suiteComment s’est déroulée cette année au MIT ?
C’était passionnant et très intense. Le corpus technique de l’École est très élevé, on est vraiment bien préparé et cela se sait. Par exemple, mon programme de Master était concentré sur un an au lieu de deux et normalement on n’a pas le droit de cumuler cette charge de travail avec un poste de teaching assistant. Pourtant le MIT accorde ce droit aux ingénieurs français qui sont réputés pouvoir gérer ce surcroît d’activités.
En termes d’enseignement, quelles sont les différences avec l’École ?
J’ai vraiment apprécié l’incitation forte qui nous est faite d’échanger avec des chercheurs d’autres domaines. Cela permet, au fil des rencontres, d’évoluer dans sa réflexion. Ainsi, mon responsable de Master n’était pas un enseignant du Master mais un chercheur rencontré à l’issue d’une conférence. De même, je suis devenu teaching assistant d’un enseignant spécialisé en architecture navale. Ces coopérations sont fortement encouragées. Cette culture se diffuse chez nous, mais ce n’est pas encore aussi naturel.
Le corpus technique de l’École est très élevé, on est vraiment bien préparé et cela se sait.
L’École dispense un cours de dynamique des structures. Qu’avez-vous appris au MIT que vous n’auriez appris ici ?
C’est vrai, mais au-delà de la formation, les ingénieurs américains ont une vraie expertise dans la réalisation, compte-tenu de leur culture du gratte-ciel. Ce qui est moins le cas en France. Dans l’ouest américain, il y aussi le risque sismique. Les phénomènes physiques sont différents à la base mais au final ce sont des solutions techniques assez similaires qui sont mises en œuvre. Je pense que c’est vraiment l’endroit où on peut apprendre ce type de choses.
Vous travaillez toujours sur la dynamique des structures ?
J’ai glissé vers les formes complexes après ma rencontre avec un enseignant qui s’intéressait à la stabilité des structures historiques. Comment une cathédrale peut-elle tenir ? Il est arrivé à la conclusion qu’elles tiennent…grâce à leur forme ! Cette idée de résistance par la forme m’a emballé. Je me suis lancé dans l’étude de structures, en métal celles-ci, mais qui ont des formes complexes. C’est aujourd’hui l’objet de ma thèse. J’essaie de trouver des méthodes qui permettent de générer des formes intéressantes pour les architectes et les constructeurs.
Qu’est ce qui vous passionne dans cette idée de formes complexes ?
La rationalité structurelle. Ce qui justifie de faire des formes complexes c’est d’avoir cette performance qu’on ne peut avoir qu’avec des formes courbes. Par exemple, la Halle Freyssinet à Paris : 6 cm de béton pour 25 mètres de portée, à l’échelle, c’est aussi fin qu’une coquille d’œuf ! Ces performances m’intéressent. Et puis je découvre une dimension créative, au-delà de la formule et des calculs. Partir d’une feuille blanche, réfléchir au matériau et au système structurel qu’on va utiliser…l’ingénieur fait ces choix, il a une grande liberté pour concevoir. Avec les formes complexes, c’est encore plus évident.
Votre expérience au MIT vous a comblé !
Oui et je tiens à dire que sans la bourse Jacques Coiffard de 7000 euros que la Fondation des Ponts m’a accordée, je n’aurais peut-être pas vécu cette expérience. Pour aller aux USA, il faut pouvoir justifier de moyens financiers et les études au MIT coûtent cher. J’ai été soutenu et à mon tour je soutiendrai les élèves des promotions à venir.
Partir d’une feuille blanche, réfléchir au matériau et au système structurel qu’on va utiliser…l’ingénieur fait ces choix, il a une grande liberté pour concevoir.
« C’est très encourageant de savoir que l’on est soutenu. »
Hyppolyte Moulle, prix de l’entrepreneuriat 2016 - Fondation des Ponts
La Fondation des Ponts a attribué, en juillet dernier, le Prix de l’Entrepreneuriat - une bourse de 5000 € - à Hippolyte Moulle, étudiant en 2e année au département de Génie mécanique et matériaux (GMM) pour son projet Muscle Up de création et de commercialisation d’un muscle artificiel. Par la pertinence du sujet - 140 000 cas de cancers musculaires sont diagnostiqués chaque année dans le monde - et de la réponse technique apportée, le projet d’Hippolyte incarne incontestablement l’idée forte d’utilité au cœur de la société portée par l’École. Revenir à l'accueilLire la suiteLe prix de l’entrepreneuriat décerné par la Fondation des Ponts est une première reconnaissance pour votre projet ?
Oui, c’est très encourageant de savoir que l’on est soutenu. Je suis extrêmement motivé pour continuer à travailler sur le muscle artificiel et le prix de 5000 € va me permettre de financer le matériel nécessaire à la conception des sarcomères macroscopiques (image en fond de page), la prochaine étape du projet. Ceci permettra au muscle artificiel d’atteindre un point plus crédible pour les investisseurs futurs.
Pouvez-vous nous expliquer en quoi votre projet de muscle artificiel se démarque des autres prothèses qui existent sur le marché actuellement ?
Aujourd’hui, si un patient veut récupérer l’usage d’un muscle dont une partie a été retirée suite à un cancer par exemple, la technique la plus couramment employée est l’ablation totale, puis la mise en place d’une prothèse passive. Cette prothèse n’agit pas vraiment comme un muscle normal, mais plutôt comme une béquille améliorée. Un autre moyen de récupérer l’usage d’un muscle est l’électrostimulation, mais cette méthode ne fonctionne que pour les cas de problème musculaire superficiel. La solution que nous proposons est certes plus compliquée à mettre en œuvre que les deux alternatives citées précédemment, mais les résultats seront plus intéressants, puisque nous proposons une prothèse active, qui réagit comme un muscle biologique. L’entreprise qui se rapproche le plus de Muscle Up est Carmat, qui développe des cœurs artificiels. Notre technologie n’est néanmoins pas du tout la même, puisque nous cherchons une solution microscopique, tandis que Carmat fait battre un cœur macroscopiquement. A ce titre il n’existe pas de concurrent direct à la solution que nous proposons.
Le prix de 5000€ va me permettre de financer le matériel nécessaire à la conception des sarcomères macroscopiques, la prochaine étape du projet.
Quel est, sans dévoiler tous vos secrets, le fonctionnement de votre muscle artificiel ?
Le muscle artificiel que nous cherchons à construire est une prothèse musculaire active, qui s’inspire du fonctionnement des sarcomères. Ceux-ci sont les composants des myofibrilles, les filaments qui forment les fibres musculaires. Les sarcomères peuvent prendre deux états : contractés et détendus, et leur mise en série est ce qui permet au muscle entier de se contracter et de se détendre. Nous avons déjà construit un design macroscopique de sarcomère, et imprimé ce design en 3D. Il faut maintenant intégrer un système énergétique permettant de passer de la contraction à la détente. L’objectif à long terme est de modéliser, concevoir et imprimer en 3D ces sarcomères à l’échelle microscopique.
Comment l’aventure de Muscle UP a-t-elle commencé ?
Très intéressé par la biologie, en parallèle de la mécanique que j’étudie à l’École des Ponts, j’ai été naturellement attiré par le projet de département GMM proposé par Matthieu Caruel, Conception d’un méta-matériau biomimétique, qui proposait de reproduire le fonctionnement d’un muscle. J’aimerais d’ailleurs compléter ma formation aux Ponts avec une troisième année de biomécanique. De plus, avec Louis Bandelier étudiant en 2e année département Sciences économiques gestion finance, nous avons mené ce projet de mécanique dans une optique d’entreprenariat, et avons donc pu combiner deux aspects d’un même sujet, ce qui a été, et continue, d’être très motivant. Louis étudie l’économie et la finance et voulait profiter de cette opportunité de projet pour étudier l’aspect de création d’entreprise.
Nous avons mené ce projet de mécanique dans une optique d’entreprenariat, et avons donc pu combiner deux aspects d’un même sujet, ce qui a été, et continue, d’être très motivant.
« Un des meilleurs suivis personnalisés »
Louis Sato, Président d’honneur de NipPonts
Né à Tokyo , X-Ponts (1963), Louis Sato est le fondateur de Sato et Associés, cabinet d’ingénierie et d’urbanisme. Aujourd’hui retraité, il est le conseiller de l’École pour les échanges avec le Japon et Président d’honneur de NipPonts, une association d’anciens élèves avec laquelle il s’implique activement dans le recrutement et l’accompagnement des étudiants japonais en double diplôme. Revenir à l'accueilLire la suiteQuel est votre regard sur le double cursus ?
Le projet, le terrain, la réalisation ont toujours été au cœur de mon engagement professionnel. Mais la perception du projet à réaliser dépend de notre approche, de notre regard, de notre histoire singulière. Très tôt, je me suis intéressé au Japon et j’ai découvert une approche différente dans l’ingénierie civile. Pour ne citer qu’un exemple, les gares japonaises ont toujours été très intégrées à la ville. Ce sont les nouveaux centres des villes, des lieux de rencontre, d’échange, de commerce. En France, ce n’est qu’aujourd’hui que cette approche est mise en œuvre. Outre la découverte, la compréhension, l’assimilation de nouveaux savoir-faire, l’intérêt pour une autre culture réside aussi dans la distance que l’on prend avec sa propre culture. C’est une démarche créative incontournable dans la conception de tout grand projet.
C’est la raison pour laquelle vous vous impliquez aujourd’hui dans le recrutement et l’accompagnement d’étudiants japonais à l’École nationale des ponts et chaussées ?
J’ai mené une vie d’entrepreneur. À la retraite, je me suis rendu compte que je n’avais pas formé beaucoup de jeunes et il m’est apparu « convenable » de le faire. J’y trouve beaucoup d’intérêt et c’est très enrichissant. Au contact des étudiants, je me forme à de nouvelles disciplines. Depuis leur recrutement jusqu’à leur sortie de cursus, je vois le développement de ces élèves. Je pense d’ailleurs que l’École leur offre un des meilleurs suivis personnalisés qu’on puisse offrir. Cette attention est essentielle dans les deux sens : ces élèves font une expérience de mobilité internationale considérable qu’il faut suivre pas à pas. Les élèves japonais apprennent la langue en 6 mois et affrontent immédiatement des obstacles redoutables résultant non seulement de notre culture mais de nos modes d’enseignement différents. À l’École, ils bénéficient d’un travail en groupes, de projets dirigés et d’un contact direct, ouvert, avec des enseignants qui ont un engagement professionnel dans le monde de l’entreprise ou de l’administration publique. Cette dimension « opérationnelle » des enseignants et ce contact -au début difficile, mais dont ils savent peu à peu tirer profit- est l’un des grands atouts du programme, qu’ils signalent dès leur retour au Japon.
L’intérêt pour une autre culture réside aussi dans la distance que l’on prend avec sa propre culture. C’est une démarche créative incontournable dans la conception de tout grand projet.
Quelle est la spécificité de ce recrutement ?
Chaque promotion qui retourne au Japon, présente devant moi, les élèves français présents au Japon, et leurs professeurs, -dont le soutien est indispensable, -tout le déroulement de leur parcours à l’École. Et surtout tout ce qu’ils ont tiré personnellement de l’expérience qu’ils ont surmontée. La carrière naissante de leurs grands anciens est également un signe important. C’est ce lien, que symbolise NipPonts, qui est donc désormais à la base de notre recrutement.
À l’École, ils bénéficient d’un travail en groupes, de projets dirigés et d’un contact direct, ouvert, avec des enseignants qui ont un engagement professionnel dans le monde de l’entreprise ou de l’administration publique.
« Je souhaite faire bouger les choses
dans l’aménagement des rivières au Japon »
Masafumi Yamada, Doctorant en génie civil
Double diplôme en poche et de retour à Tokyo, Masafumi Yamada met à profit son expérience à l’École nationale des ponts et chaussées pour faire « bouger les choses » dans l’aménagement des rivières au Japon. Echange avec ce jeune Doctorant en génie civil, spécialiste de la mécanique des fluides et des phénomènes de crues. Et francophile de surcroît. Revenir à l'accueilLire la suiteVous vous intéressez aux phénomènes de crues et plus généralement aux rivières et milieux aquatiques. Par souci écologique ?
Mon ambition est l’unification de l’écologie et de la politique des rivières au Japon. C’est-à-dire comment intégrer l’écologie, les techniques de génie civil -la mécanique des fluides, l’hydrologie- dans le cadre de la politique d’aménagement des rivières. L’enjeu est important au Japon car les crues sont sévères. Prenez un exemple : Le débit de la crue de la rivière Toné (la plus importante au Japon) en 1947 était 22000 m3/s soit 8 fois celui de la Seine en 1910 alors que la superficie de son bassin fait moins de 1/4 de celle de la Seine ! À cause de cette sévérité des crues, le ministère de la Construction a comme premier objectif l'aménagement par les infrastructures (barrage ou digues) et ne tient pas encore suffisamment compte de l'écologie ou du bien-être des riverains. Je crois qu'il faut changer cette situation en adoptant le courant de l'époque en Europe et en France, qui est un retour vers plus de « naturel ».
Ce sont ces théories que je suis venu apprendre.
C’est la raison pour laquelle vous êtes venu étudier à l’École nationale des ponts et chaussées ?
C’est sûr qu’il y a une certaine histoire de la mécanique des fluides en France, avec Navier, Cauchy. C’est un domaine où les compétences sont assez avancées. Au Japon, on utilise beaucoup de techniques tirées de l’expérience mais on ne met pas beaucoup d’importance à bâtir une nouvelle théorie. Ce sont ces théories que je suis venu apprendre. Mais pas seulement. Je suis aussi venu avec l’idée de mener une étude comparative entre les cadres législatifs européen et français et le cadre législatif japonais en matière de protection de l’environnement des milieux aquatiques. En effet, au Japon, nos rivières ont été « emprisonnées ». En France et en Europe, des travaux de canalisation ont aussi été réalisés à une époque, mais aujourd’hui il y a un mouvement de retour vers plus de « naturel », une prise en compte holistique qui dépasse les seules questions techniques et de prévention. Je souhaite vraiment faire bouger les choses au Japon et pour cela il faut des référents, des exemples à étudier.
L’enseignement de l’École a t-il répondu à vos attentes ?
Cela a été pour moi une très bonne expérience et je remercie ceux, comme la Fondation des Ponts, qui ont pu m’aider à la réaliser. C’est une expérience qui est un vrai atout pour moi. À l’École, j’ai appris à construire la mécanique des fluides par la théorie, à appliquer des équations théoriques sur la réalité. Au Japon, dans le domaine des recherches en hydraulique, on n’utilise pas trop l’analyse vectorielle. On tire de l’observation des phénomènes, des équations expérientielles. Je peux donc apporter quelque chose de nouveau et participer à la résolution de notre problème de sévérité des crues, notamment en améliorant notre capacité à prévoir et anticiper ces phénomènes et leur ampleur.
Cela a été pour moi une très bonne expérience et je remercie ceux, comme la Fondation des Ponts, qui ont pu m’aider à la réaliser.
Suivre les cours, vous imprégner des lois…vous avez fait un effort important pour maîtriser la langue française en quelques mois…
Avant d’intégrer l’École, j’ai passé quelques mois en formation linguistique à Vichy. Et puis, j’aime ça. J’aime la littérature française, je voulais lire en Français…et en France. Je continue encore aujourd’hui. En ce moment je lis « Rue des boutiques obscures » de Modiano.